LE MOMENT DE BIEN MESURER LES RISQUES ! par François Leclerc

Billet invité.

« Si nous perdons la capacité à trouver des compromis, alors l’Europe est perdue » a déclaré Angela Merkel devant les cadres de son parti. « Si l’euro échoue, l’Europe échoue » a-t-elle ajouté ensuite, reprenant la formule qu’elle affectionne d’utiliser quand il faut convaincre les récalcitrants d’une décision difficile. La suite dira la traduction qui sera apportée aux propos de la chancelière, son porte-parole la déclarant « évidemment disposée » à des discussions avec Alexis Tsipras.

Les propos de François Hollande ne supportent pas la comparaison, qui a conclu les travaux du Conseil restreint qu’il avait convoqué ce matin en déclarant platement « la solidarité, elle est toujours possible, quand la responsabilité est là », masquant qu’il continue de jouer gros en éludant les engagements financiers du pays, puis s’accordant lui même un quitus en affirmant «  j’ai joué avec le gouvernement français, et notamment le ministre Michel Sapin, tout le rôle qui était attendu de la France. » On verra la suite, là également.

Jean-Claude Juncker, à bout de course et se sentant « trahi », fait porter la responsabilité de l’échec de ses tentatives de compromis sur Alexis Tsipras, défend le texte qui va être soumis au référendum et appelle en dernière instance les Grecs à voter « oui », un « non » signifiant pour lui un « non à l’Europe ». C’est le thème de la campagne de l’opposition grecque, que François Hollande a également repris mezzo voce en déclarant « c’est le droit du peuple grec de dire ce qu’il veut pour son avenir » reconnaissant leur droit de décider « s’ils prennent le risque d’en sortir [de la zone euro] ».

Jouer la victoire du « oui » au référendum n’aboutira pas à la chute du gouvernement grec, à moins qu’il n’en décide ainsi. Dans les deux cas, les plus hautes autorités européennes vont se retrouver devant la nécessité de gérer l’application des accords pour l’instant rejetés, puis de négocier un nouveau plan de sauvetage avec un interlocuteur qui ne sera pas nécessairement plus complaisant, et avec lequel il faudra aborder la question de la dette. Mais si le « non » l’emportait, l’échec serait patent pour avoir appelé à voter « oui ». Peut-il en être pris le risque ?

Question subsidiaire : un nouveau sommet européen aura-t-il ou non lieu mercredi, comme la rumeur en circule ?